Le petit chat que tout le monde pourchassait : suite et fin
Un soir il fit une prière au dieu des animaux.
" Je suis la plus misérable des créatures. Jette un regard sur moi et prends-moi en pitié.
aujourd'hui j'ai été pourchassé par quatre chiens, trois garçons, deux chevaux et une
vache. Une femme m'a jeté un seau d'eau, deux gros chats m'ont poursuivi.
Trois vautours se sont abattus sur moi et ils m'auraient pris si je n'avais pas couru très vite, sans parler des chacals.
J'ai été tant pourchassé que j'en suis malade, épuisé. Qu'ai-je donc fait pour mériter ce sort ?
de grâce, oh ! de grâce, trouve quelque moyen pour me venir en aide."
Le dieu des animaux ne répondit par aucun signe et le chat s'en alla.
"Hélas !" se dit-il, "il ne me viendra pas en aide."
c'était un joli petit chat au pelage zébré, aux yeux jaune d'or, mais il regardait toujours de côté, prêt à prendre la fuite.
tout à coup il aperçut un chien qui passait sur la route, aboyant et montrant les dents.
Mais quelque chose venait de se produire en lui. Il n'eut pas envie de s'enfuir et se sentit devenir grand et terrible. Il s'accroupit, agitant sa queue, et le chien se sauva en hurlant.
"Eh bien !" pensa le petit chat, "voilà qui est mieux", et il continua son chemin. Il rencontra deux garçons qui s'arrêtèrent de jouer.
"Voici un drôle de petit chat", dirent-ils. "Si nous le chassions !"
Mais le petit chat resta immobile, les regarda fixement, et ce furent eux qui s'enfuirent, en poussant des cris, pour aller retrouver leurs mères.
"Eh bien !" pensa le petit chat, "voilà qui est mieux", et il continua son chemin.
Bientôt il eut sommeil et, à son habitude, il s'étendit dans la poussière douce de la route. Et, comme il dormait, un cheval arriva sur lui en courant, mais le petit chat ouvrit un œil
et le cheval effarouché fit un écart et reprit le chemin par lequel il était venu.
"De mieux en mieux", pensa le petit chat, et il s'en alla tranquillement vers l'étable. Là, quand les vaches baissèrent la tête comme pour l'encorner, il se sentit devenir très grand, et les vaches se sauvèrent en courant de l'étable, meuglant de frayeur.
"Quelle étrange mais agréable transformation !" pensa le petit chat, et il alla à la porte de la femme qui lui avait jeté de l'eau. Elle le vit arriver
"Tu viens chercher un autre seau d'eau, petit brigand ?" lui cria-t-elle, mais le petit chat sentit la colère monter dans son cœur et il lui sembla qu'il devenait aussi grand que sa colère, et la femme se précipita dans sa maison, fermant sa porte au verrou derrière elle.
"Très bien ! très bien !" se dit le chat, ravi de la tournure des évènements.
comme il s'éloignait du seuil de la maison, un gros chat apparut devant lui. Il commençait à gronder contre le petit chat, mais soudain, quand le petit chat l'eut regardé, il poussa un cri de terreur et se jeta dans les buissons.
"Ha ! ha !" pensa le petit chat, "que cela te serve de leçon!". Au même moment il vit l'ombre d'un vautour glisser sur le sol, près de lui. Mais au lieu de songer à se cacher sous quelque chose, il tourna simplement la tête pour regarder et le gros oiseau changea de direction comme s'il avait quelque chose d'important à voir ailleurs.
C'était maintenant presque le matin, l'heure des chacals, mais le petit chat n'avait pas peur. Et quand vinrent les chacals, il alla à leur rencontre et ceux-ci se dérobèrent.
Maintenant tous le fuyaient, comme lui-même, auparavant, il les avaient tous fuis.
"C'est un miracle !" pensa le chat. "Le dieu des animaux a répondu à ma prière. Ce village est trop petit pour moi".
Et le chat s'en alla vivre dans la grande jungle.
Un jour il vit son image dans un marais de la jungle.
Il avait ces yeux jaune d'or, ce pelage doux et zébré et cette longue queue qu'il avait toujours eux, mais tout cela semblait plus brillant et plus beau, et, merveille ! il était maintenant cinquante fois plus gros que jadis.
Le chat se regarda longuement, frappé d'admiration. "Comme je suis beau et terrible !" pensa-t-il. "Je n'aurai plus jamais peur de rien, pas même d'un éléphant. Le dieu des animaux a répondu à ma prière."
Et voilà comment, dans l'Inde lointaine, le premier tigre fit un jour son apparition.